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Les Ramoneurs de Menhirs

Door Malcolm Nix

01 augustus 2024
Nous voulons “Fédérer la tribu”. Ensemble, nous sommes de la dynamite !

Breaking Barriers, le festival Louvainiste qui nous rappelle chaque année que le punk n'est pas mort, invite non seulement des pionniers du punk tels que Steve Ignorant et UK Subs, mais aussi un groupe culte de France, ou devrions-nous dire de Bretagne ? Les Ramoneurs de Menhirs sont liés par leur guitariste à cet autre groupe culte français, Bérurier Noir, et font sensation avec leur mélange original de punk et de folk. L’organisateur de Breaking Barriers, Malcolm Nix, a interrogé le groupe sur leur musique et leurs idéaux.

Les Ramoneurs de Menhirs sont un groupe très connu de la scène alternative, mais presque exclusivement dans le monde francophone. C’est un peu surprenant, parce que vous ne chantez même pas en français, mais en breton. Pourquoi ce choix pour une langue que la plupart des gens ne parlent pas?

Nos morceaux ne sont pas uniquement en breton. Il y a quelques morceaux en français, justement pour que les personnes francophones comprennent l’esprit du groupe. Nous reprenons également du traditionnel Punk-Rock dans la langue originelle, la plupart du temps en langue anglaise.

Le fait de chanter en breton est une résistance culturelle. Nous sommes pour la diversité à tous les niveaux.

De temps en temps, vous jouez en Belgique, mais pas très souvent. Est-ce qu'il y des autres pays ou régions à l'extérieur de la France ou vous avez du succès?

Nous jouons partout où il y a des Bretons et des Punx-Rockers. Dans les Pays Francophones comme le Québec, la Suisse et la Belgique, mais également dans toute l’Europe.

Le succès est évidemment un concept discutable. Pour certains, c’est un compte bancaire rempli de millions, pour d’autres, c’est l’adoration de jeunes fans ou, dans notre temps digitalisé, des clicks sur Instagram. Quel est le but que Les Ramoneurs veulent atteindre? A quels moments est-ce que vous sentez que vous avez en faite réalisé quelque chose?

Effectivement nous n’aimons pas trop la formule “Avoir du succès”. Pour nous, en tant que musiciens, notre rôle est de fédérer la tribu. Nos concerts sont des cérémonies où les personnes sont unies avec leurs différences. C’est une belle démonstration contre la pensée unique et le repli sur soit qu’est le fascisme. Le fait de rassembler les familles autour de valeurs comme le partage, la solidarité, la convivialité et le vivre ensemble se réalise à chacun de nos concerts.

Il est toujours difficile d’atteindre un but sans l’aide d’autres gens. Est-ce que vous vous considérez comme un groupe qui fait partie d’une scène plus grande ? Et comment voudriez-vous décrire cette scène?

Il est évident que la force vient de l’unité. Nous faisons partie de la scène traditionnelle bretonne et de la scène indépendante et alternative Punk-Rock. La force des Ramoneurs de Menhirs, c’est de fédérer les familles et la jeunesse. A nos concerts, il y a souvent quatre générations, les enfants en bas âge que nous faisons monter sur scène avec nous, les grands frères ou grandes sœurs, les parents et les grands parents. C’est ça le concept de “Fédérer la tribu”. Ensemble, nous sommes de la dynamite !

Vous vous profilez clairement comme un groupe breton. D’où vient cette fascination avec la culture celtique? Est-ce que c’est une réaction à certains éléments de la société française que vous jugez incompatible avec la vie en Bretagne?

Nous sommes effectivement un groupe séparatiste breton. Nous refusons la dictature “jacobine” de la France. Pour nous, la France en tant que telle n’existe pas. Nous défendons la diversité qui est tout l’inverse du jacobinisme, qui impose par la force une culture unique pour tous. La France aurait dû être une fédération qui respecte ses diversités culturelles : ch’ti, alsacienne, occitane, catalane, corse, kanak, basque, savoyarde, gasconne, girondine, vendéenne, normande, berrichonne, provençale, bourguignonne, landaise, gallo et bretonne… Sinon la culture matriarcale celtique n’a évidemment rien à voir avec la culture patriarcale des francs.

De nos jours, il faut bien sûr être prudent avec les pensées et les paroles sur l'identité populaire, parce que dans beaucoup de régions, il y a des mouvements nationalistes avec des idées d'extrême droite, surtout chez nous en Belgique. Est-ce que la situation est différente en Bretagne?

En Bretagne, la tradition n’appartient pas aux nazionalistes. Nous ne leur laissons pas nos musiques et nos danses. Nous pensons que les peuples en harmonie avec leurs racines sont ouverts sur les racines des autres. Les racistes sont des personnes sans racines qui ne supportent pas les racines des autres.

Le nationalisme est un discours très populaire dans la politique contemporaine. Nous avons vu les résultats des élections Européennes du 9 juin. Est-ce que vous comprenez le succès de l'extrême droite? D’où vient cette frustration et le désir de recréer un passé romantisé qui n'a jamais vraiment existé?

En fait à part la consanguinité, l’extrême droite n’a rien à proposer. le succès de l’extrême droite est le fait de l’incompétence des partis politiques en général. Les femmes et les hommes politiques ne pensent qu’à leurs intérêts personnels et leurs plans de carrière. Nous défendons l’autogestion du peuple pour une vrai politique associative et bénévole, gérée par des collectifs et non des leaders. Nous chantons pour une Bretagne indépendante, équitable, solidaire, respectueuse de “Mamm Douar” (Terre Mère), Libertaire et métissée.

Un autre élément de votre musique est le choix surprenant d’instruments. Il y a une guitare, mais il y a aussi des instruments traditionnels et puis, pour confondre les gens même plus, vous utilisez aussi des rythmes électroniques. Comment êtes-vous arrivés à ce son original?

Les Ramoneurs de Menhirs sont une fusion totale entre la musique traditionnelle bretonne et le Punk-Rock. Le lien évident entre les deux, c’est l’esprit d’insoumission. L’originalité est le fait du mélange des deux, qui génère une très belle osmose. D’un côté, nous avons Loran avec sa guitare et sa vieille boite à rythme qui chante en français, et de l’autre le canal historique avec le couple de sonneurs, bombardes et binioù et les chants en breton. L’originalité d’un groupe est essentielle. L’une des idées primordiale de l’esprit du Punk-Rock est l’anticonformisme.

La présence de la boîte à rythmes nous mène bien sûr vers votre passé dans Bérurier Noir. Quelle est, selon vous, la différence principale entre la scène Punk des années 80 et la scène contemporaine?

La différence est évidente. Les espaces de liberté fondent comme la banquise.

Est-ce vous voyez une renaissance de groupes Punk ou anarchistes en France? Il y a des pays ou la scène remonte, allumée d’une nouvelle vague de jeunes anti-patriarchaux. Est-ce que vous voyez ces gens-là aussi aux concerts des Ramoneurs?

Si les morceaux de groupe comme Bérurier Noir sont toujours, voir encore plus d’actualité, c’est que malheureusement nous régressons totalement. Nous ne sommes plus qu’une poignée, mais on existe et on résiste… Les Anarchistes.

Finalement, est-ce que vous avez des conseils pour des jeunes musiciens ou groupes alternatifs qui n’ont pas votre expérience et qui doivent encore découvrir comment ça marche dans le monde de la musique?

Allumez le feu de vos passions… c’est à la jeunesse de créer le monde de la musique, pas aux majors compagnies… Vive le Rock Libre !

Breaking Barriers, Het Depot, Louvain, 21 septembre 2024, avec Steve Ignorant Band, UK Subs, Les Ramoneurs de Menhir, Reproach et Braindead

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