English

Factheory

Door Xavier Kruth

12 januari 2025
Poésie et romantisme sont des pares-feux face à la situation actuelle.

La sortie de « Serenity in Chaos », premier album à part entière de Factheory, n'est pas passée inaperçue. Notre collègue Kurt Ingels a écrit : « La musique de Factheory est un post-punk intimiste, un peu poétique aussi, introvertie plutôt que mordante, ici et là portée par quelques influences cold wave et même folk dans les morceaux semi-acoustiques. » Les post-punkers bruxellois semblaient avoir atteint leur maturité, après avoir sorti un certain nombre de singles et d'EP captivants. Nous avons invité Factheory à jouer lors de la prochaine Dark Entries Night le samedi 18 janvier 2024, et avec cette perspective, nous avons également eu une discussion avec le chanteur Bruno Uyttersprot.

2024 était une année importante pour vous. En tout cas, c’était l’année dans laquelle vous avez sorti « Serenity in Chaos », votre début officiel après plusieurs singles et EP’s. Comment évaluez-vous le succès de ce disque ?

« Serenity in Chaos » est en effet notre premier album complet. Il a été le résultat de nos états d’esprit qui ont succédé à la pandémie. Ce fut une période insolite qui a donné lieu à beaucoup de recul et de distanciation. L'ambiance des chansons reflètent cette époque. Le prochain EP sortira en février et s’intitule « Post Modern Life ». Il sera accompagné d’un nouveau clip et prolonge ce constat: L'effondrement est partout et va de paire avec le déni des élites qui nous dominent. L’album est une belle réussite et nous avons reçu des critiques positives dans l’ensemble et il a permis de consolider notre fan-base. Mais soyons honnête et modeste, cela reste confidentiel et limité.

Dans votre biographie, vous écrivez que le nom Factheory vient du label légendaire Factory Records, qui a entre autres sorti les disques de Joy Division. Quelle est l’influence de ce label et de ce groupe sur votre musique ?

Joy Division a changé ma vie. Je ne peux pas parler à la place de Dominique (le bassiste et claviériste) et Stefan (le second guitariste) même si je pense pouvoir dire qu’ils sont également fans. C'est tant leur musique que la sensibilité d’écorché du chanteur qui m'ont donné envie de faire de la musique et d’écrire des textes. Dans mon adolescence au début des années 80, je m’étais identifié à Ian Curtis, et la musique de Joy Division m’a hanté pendant des années. Les autres productions de Factory records, telles que A certain Ratio ou Section 25, participaient du même état d'esprit. Il y avait un écroulement sous la pression du néolibéralisme de Thatcher et Reagan. Aujourd'hui, c'est encore plus marqué, le néolibéralisme détruit la planète, la musique actuelle que nous produisons ne peut que refléter ce constat.

Vous avez récemment joué avec The Names, le légendaire groupe belge lié à Factory Records. Comment ça c’est passé ?

Très chouette. Michel Sordinia, le chanteur, est un vieil ami et complice. J'ai toujours été un grand fan du groupe. Je me plais à lui rappeler que j'ai sans doute été un des tout premier à acheter l'album « Swimming » produit par Martin Hannet et paru sur Les disques du crépuscule. Je faisais le pied de grue devant le disquaire (Caroline music) le jour de la sortie du disque pour l'acquérir. Michel a d'ailleurs préfacé un de mes livres consacré à la musique New Wave : « Chroniques New Wave » 1 et 2 paru chez K1L Editions à Jodoigne et disponible en librairie, uniquement en français malheureusement.

Même si votre musique est post punk en son essence, vous n’hésitez pas à incorporer d’autres influences dont le dub ou le folk. Vous avez décrit votre musique comme « romantic melodic postpunk ». J’aime bien cette notion, mais comment y êtes-vous arrivé ?

Romantique parce que je revendique cet état d'esprit. Poésie et romantisme sont des pares-feux face à la situation actuelle. Mes textes sont d'abord des poèmes que nous mettons en musique. Depuis quelques mois, Dominique propose aussi des textes, qui serviront pour le second album, « WhentheWorld ». Il sortira pour l'automne et nous ferons une tournée dans les capitales de l'Europe centrale : Prague, Bratislava, Budapest ... Postpunk parce que nous sommes une génération qui a succédé au punk et son état d'esprit du Do It Yourself et d'une volonté de rester indépendant, sans devoir faire des concessions dans notre démarche. Aussi parce que nous n'avons aucune formation musicale, mais avons appris sur le tas.

Il est difficile de trouver des informations sur la formation de Factheory. Je pense que vous vous êtes formé vers 2016 par des membres d’anciens groupes comme Dirty Time, Petit Futur, Amazing Games et Unsaid, dont certains remontent même aux années 80. Peux-tu nous en dire plus sur la formation de Factheory ?

Le groupe a démarré en 2016 mais ne faisait que des covers de Joy Division et de The Sisters of Mercy. Cependant très vite, après trois ou quatre mois, nous avons injecté nos propres compositions pour finalement ne plus faire des reprises. La dernière reprise de Joy Division a été jouée en ouverture de Christian Death à Bilzen en août 2022, concert organisé par le regretté Bart Doumen. Pensée pour Bart ... Nous avions tous fait des groupes alternatifs avant, et nous nous connaissions depuis lors. Stefan est un ami depuis les études secondaires et Dominique a partagé la scène lors de concerts à Bruxelles à la même époque.

Votre premier EP date de 2019 et s’intitule « Stockholm ». Ont suivi « 3Sand1D » en 2021 et « Black My Heart » en 2022. Quel est l’avantage pour vous de sortir votre musique en EP’s, en morceaux de trois ou quatre chansons ?

Pour être plus précis, nous avons d'abord sorti un mini album démo « Weekend au Black Studio » devenu collector depuis lors. C’était en 2018. Puis en effet il a eu « Stockholm » et les autres. Cette formule de sortir les titres au format physique est importante pour nous. Elle permet d'échanger avec le public lors des concerts via le merchandising. C'est d'abord l’occasion de communiquer avec les gens et de résister à une dématérialisation totale de la musique que l’on écoute.

Est-ce que vous considérez avoir évolué musicalement de « Stockholm » à « Serinity In Chaos », et dans quel sens ?

Clairement. D’abord parce que le groupe laisse davantage place à la démarche collective et à l'initiative des trois membres à venir avec des propositions. Soyons clair, jusqu'en 2019, j'étais le compositeur principal, à part quelques titres, dont « Stockholm » justement, composé par Stefan. Les autres musiciens – nous avons été cinq jusqu’en 2021 – ajoutaient leurs interventions sur la base de ma composition. Comme je commence essentiellement à la guitare acoustique, la trame mélodique et la structure étaient faites avant les autres apports. Aujourd'hui, Dominique ou Stefan viennent avec leurs propres mélodies et on travaille ensemble sur les arrangements. J'ai envie de dire que nous sommes davantage un groupe qu’à nos débuts.

Vous avez formé votre propre label K1L Records, et si je ne me trompe pas, votre album et vos trois EP’s sont tous sortis en version physique. Ce n’est pas évident de sortir des disques physiques aujourd’hui. Quelle est votre motivation pour continuer à le faire ?

Le label est géré par mon frère qui est également graphiste, graveur et éditeur. Mes livres sont également édités chez lui. Il s'occupe des lay-out du groupe, de la réalisation des pochettes. C’est un travail familial en fait. Les disques physiques sont nécessaires comme expliqués plus haut. C'est aussi une rentrée (modeste) financière pour le groupe. Mais soyons clairs, ça coûte plus que ça rapporte financièrement. Mais ce sont de beaux objets et ça fera des souvenirs dans les greniers pour nos enfants et petits-enfants !

Bien que la langue principale de Factheory soit l’anglais, vous avez aussi produit des chansons en français et vous avez même employé le néerlandais. Quel est votre regard sur l’utilisation des langues dans la musique rock ?

Le néerlandais c'est une idée à Dominique, qui est d'ailleurs flamand. L'anglais va de soi, car c'est par excellence la langue de la musique anglo-saxonne. Le français est ma langue maternelle. Ce sont donc des choix naturels.

J’ai l’impression que vous vouez un grande vénération à Nick Cave. Vous avez récemment repris « Jubilee Street », mais on entend aussi son influence sur beaucoup de morceaux. Pouvez-vous me dire pourquoi vous tenez tant à Nick Cave, et pouvez-vous me dire plus sur l’inspiration pour la reprise de « Jubilee Street » ?

Nick Cave est l’artiste le plus passionnant de sa génération. Je l’ai vu plein de fois sur scène depuis son groupe The Birthday Party jusqu’à il y a quelques années à l’Arena d'Anvers. Je suis moins intéressé parce qu'il fait depuis « The Skeleton Tree ». C’est fort sombre et sa rage est moins présente. Son côté mystique m’irrite aussi mais il a une œuvre florissante et extraordinaire. Il nous a influencé et continue de nous influencer. La reprise de « Jubilee Street » répond à une commande du label Unknown Pleasures, label français d’Avignon qui est spécialisé dans la darkwave. Il a réalisé une série de compilation hommage à des artistes : Bauhaus, Psychic TV entre autres. C’est une collaboration qui devrait, j'espère, en appeler d'autres ...

Pour « Jubilee Street », c’est surtout un gros travail de Dominique, qui a fait tous les arrangements. J’aime beaucoup cette reprise, car on dirait un croisement entre le New Order des débuts et le Nick Cave des années 80 et 90, bref le meilleur de leurs musiques et nos influences majeures.

Factheory: bandcamp / Facebook

Factheory jouera à la Dark Entries Night le 18 janvier 2024, avec le groupe de wave néerlandophone Kregel. Après les performances, DJ Drexl et DJ Djuna Keen prendront place derrière les platines. Rendez-vous au Kinky Star, Vlasmarkt 9 à Gand, à partir de 20h.

Delen op

Over Xavier Kruth

Xavier Kruth bekeerde zich al op jonge leeftijd tot het gothicdom. Toen hij begon te puberen, moest hij lang zagen om een zwarte broek te mogen hebben. Toen hij tegenover zijn moeder argumenteerde dat hij gewoon om een zwarte broek vroeg, niet om zijn haar omhoog te doen in alle richtingen, repliceerde ze dat als hij nu een zwarte broek zou krijgen, hij daarna toch zijn haar torenhoog omhoog zou doen. Xavier was versteld over de telepathische vermogens van zijn moeder. Hij leerde destijds ook gitaar spelen, en sinds 2006 speelt hij in donkere kroegen met zijn melancholische kleinkunstliedjes in verschillende talen. In 2011 vervoegde Xavier het team van Dark Entries. In Dark Entries las hij ook dat The Marchesa Casati (gothic rock) een gitarist zocht, en zo kon hij een paar keer met de groep optreden. Later speelde hij bij Kinderen van Moeder Aarde (sjamanische folk) en werkte samen met Gert (kleinpunk). En het belangrijkste van al: in 2020 bracht hij samen met Dark Entries-collega Gerry Croon de plaat ‘Puin van dromen’ uit onder de naam Winterstille.

Wil je Dark Entries steunen? Doe een gift op BE49 0017 6243 8971

© Dark Entries. Alle rechten voorbehouden. Ontwerp door We Cre8 It.